Plus grand mutilé de France, François Auguste Delengaigne était un soldat dit "courageux et dévoué". Originaire de Quesques et né le 28 avril 1894, il est le fils de François Delengaigne et de Marine Descamps tous deux ménagers. Durant l'assaut du 4 mai 1917, il fut grièvement blessé ce qui lui a valu ce titre de plus grand mutilé de France.
Le 1er décembre 1915, François Auguste Delengaigne quitte sa profession d'agriculteur pour être affecté au 271ème RI qui fait toujours partie de la 3e division d'infanterie. Sa division est alors en secteur aux Eparges et va connaître jusqu'en juin 1916, les soubresauts de la rude bataille de Verdun. Auguste devient soldat de première classe le 16 juin.
Fin juin 1916, la division s'est retirée du front pour gagner la Picardie et dès le 23 juillet, elle est engagée dans la bataille de la Somme, vers Belloy-en-Santerre, où l'on combat avec intensité jusqu'à la fin septembre et de façon plus calme jusqu'en décembre. François-Auguste aurait reçu une citation à l'ordre du régiment le 26 septembre 1916.
Jusqu'en avril 1917, la division est au repos sur un front devenu très calme en Lorraine. Le 8 avril 1917 elle part en direction du Chemin des Dames, mais elle n'est pas engagée dans la première phase de l'offensive qui se déclenche le 16 avril, avec les déboires que l'on sait. Vers le 17 avril, elle est cependant en secteur aux alentours de Loivre, au nord de Gobat et du Mont Spin c'est à dire dans les environs de Reims, devant le fort de Brimont. Des échanges violents se font à partir du 4 mai. Auguste-François se retrouve déchiqueté par un obus qui explose près de lui.
Ci-contre, une photo datant de 1917 où figure François Auguste Delengaigne posant dans la cour d’honneur de l’Hôtel-Dieu avec ses deux décorations.
Il demeure figé dans un trou d'obus, pendant trois jours, jusqu'à ce qu'un poilu le découvre, entre la vie et la mort. Il le transporte jusqu'à un poste de secours, puis le 8 mai, il est évacué vers l'hôpital de Prouilly, point de départ d'un parcours hospitalier long et pénible. Il fut amputé des deux jambes et de l'avant-bras gauche, énuclé de l'oeil droit ce qui le rendit aveugle. Il fût donc réformé et se retira dans le Centre spécial de réforme des Tourelles le 2 septembre 1918. Par la suite il ira à Coulomby, avant d'habiter Alquines, sans doute chez sa soeur.
Il ne restait plus qu'à l'institution militaire et à la République de l'honorer comme il convenait. Une autre citation lui fut décernée le 9 mai : "Soldat courageux et dévoué. A été grièvement blessé le 4 mai 1917 en se portant à l'assaut d'une tranchée ennemie. Déjà cité à l'ordre." Il fut décoré de la Croix de Guerre avec palme qu'il reçut le 7 juillet 1917. Il fut rapidement Chevalier de l'ordre de la Légion d'honneur, par décret du 16 janvier 1921, puis officier le 17 novembre 1933.
C'est lors de la remise de cette distinction et, grâce à la presse qui en rendit compte, qu'il retrouva le compagnon d'armes, de Conchil-le-Temple, qui l'avait secouru.
Après un beau voyage en France, le Roi et le Reine embarquèrent à Calais. Avant de monter à bord de "l'Enchantress", ils passèrent en revue les délégations d'anciens combattants; et voici que la Reine se pencha sur un grand mutilé français, M. DELENGAIGNE, d'Alquines, à qui elle dit quelques paroles réconfortantes.
Auguste-François traîna ses douleurs pendant de nombreuses années. Il fut président d'honneur de la Société des Anciens Combattants d'Alquines et décéda le 5 avril 1951.
Son nom sera donné à la place du village d'Alquines ainsi qu'ajouté au Monument aux Morts.
Défilé d'anciens combattants, avec porte-drapeau Maurice Barras (prisonnier 39-40), et Michel Trollé (14-18).
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