Découvrez le point le plus haut du Pas-de-Calais, à Alquines (au hameau des Bullescamps), à 212 mètres d'altitude. Un "sommet" où l'on se retrouve au pied d'une cheminée qui a souvent intrigué les usagers de la route nationale 42. Les suppositions vont bon train : une briqueterie pour les uns, un chevalet de mine pour les autres, un séchoir à chicorée pour d’autres encore... Le pays, à coup sûr, fut prospère. Rien de tout cela, en vérité.
Cette cheminée est dite géodésique, du mot géodésie, la science qui étudie la forme et la dimension de la terre. Plus simplement dit, nous sommes en présence d’un repère pour géomètre en usage au XIXe siècle. En ce temps-là, des bruits de bottes parviennent des frontières, par-delà le Rhin, notamment. Dans la perspective d’une invasion, l’état-major entend disposer de cartes plus précises que celles alors en usage. D’où la floraison des cheminées dans le nord et l’est du pays.
Un édifice creux, de 20 à 30 m, généralement en briques. Au sol et au centre est scellée une borne accessible par une ouverture. Le géomètre gagne le sommet par un échafaudage puis, à l’aide d’un fil à plomb, il aligne un instrument de visée optique à l’aplomb de la borne. Ainsi, pas de courant d’air ni d’oscillation. Des mesures de triangulation précises (longitude, latitude et altitude) sont réalisées avec d’autres points géodésiques connus.
Leur hauteur et leur sommet effilé présentent des repères visibles de loin.
Ces cheminées étaient utilisées en terrain plat ou boisé pour observer et être observées par-dessus les obstacles et s’affranchir des turbulences atmosphériques au niveau du sol. Une plaque rappelle la destination militaire de la construction, largement oubliée. Il est vrai qu’à l’heure des satellites et du GPS, on n’imagine guère être en présence de la première forme de géométrie moderne.
Ci-contre, la plaque qui rappelle la destination militaire de la construction.
En France, une soixantaine de cheminées et tours géodésiques ont survécu à l'assaut des années et de la technologie. Elles sont recensées par l'IGN, cinq se trouvant dans le Pas-de-Calais à Alquines, Fresnicourt-le-Dolmen, Herlyn Planques et Saulchoy. Jusqu'en mai 2017, il y en avait une sixième, mais cette dernière située à Beaumerie-Saint-Martin s'est effondrée.
La cheminée de Bullescamps, au milieu d'un champ municipal, tient le choc et reste le point de repère incontournable pour atteindre le sommet du Pas-de-Calais.
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